Essence ou diesel, quel carburant préférer ?

Au 1^er janvier 2017, le parc automobile français des voitures particulières était composé de 61,6 % de véhicules diesel selon l’Insee. Il s’agit de l’un des taux les plus élevés d’Europe. Et pour cause : depuis plusieurs décennies, les pouvoirs publics ont favorisé ce carburant avec, à la clé, un prix à la pompe avantageux. D’autant que le moteur diesel consomme beaucoup moins que le moteur essence. Mais avec des véhicules de plus en plus onéreux à l’achat, principalement du fait des équipements et des nouvelles normes environnementales, le diesel n’est plus aussi intéressant.

Ce carburant produit effectivement moins de CO₂ que l’essence, à véhicule de puissance, de poids et de caractéristiques égales. Or les moteurs diesel sont souvent plus puissants que les moteurs essence et les véhicules plus lourds, notamment avec la vogue des SUV. En outre, et c’est là que le bât blesse, le diesel émet des particules fines et des oxydes d’azote (NOx) dangereux pour la santé, provoquant maladies respiratoires et cardiovasculaires, cancers… Aussi, depuis le 1^er septembre 2017, des normes plus sévères en matière d'émissions (norme Euro 6d temp) entrent progressivement en application pour les véhicules neufs. Reste que 42 % du parc particulier diesel en circulation n’est pas équipé de filtres à particules selon l’Anses (chiffres 2016). En outre, les techniques de dépollution ne sont pas toujours neutres. Les systèmes de réduction catalytique sélective (SCR), par exemple, génèrent des rejets de protoxyde d’azote (N₂O), un gaz à effet de serre beaucoup plus néfaste que le CO₂ et qui n’est toujours pas pris en compte dans le bilan carbone des automobiles.

L’essence n’est pas forcément plus vertueuse que le diesel puisque les émissions polluantes dépendent du type de moteur, de son entretien, de la conduite, de la charge du véhicule... En outre, les moteurs essence à injection directe, qui sont de plus en plus répandus, émettent autant, voire davantage, de particules polluantes que les véhicules diesel. C’est pourquoi, depuis septembre 2017, ils sont, eux aussi, obligatoirement équipés de filtres à particules.

Devant l’urgence sanitaire, des mesures de restriction de circulation des véhicules les plus polluants sont actées dans la plupart des grandes villes européennes. En mars dernier, Paris a adopté son nouveau Plan Climat Air Energie visant l’interdiction des moteurs diesel en 2024, mais également des motorisations essence six ans plus tard. Et 2040 devrait sonner le glas des véhicules thermiques dans toute la France. Pour lutter contre le dérèglement climatique, préserver la qualité de l’air et la santé humaine, c’est donc une sortie progressive de tous les hydrocarbures qui est envisagée. La problématique « essence ou diesel » peut aujourd’hui céder la place à une réflexion plus décisive sur les nouvelles mobilités.